Approches translinguistiques des littératures autochtones

Colloque organisé par la Chaire de leadership en enseignement sur les littératures autochtones au Québec (U. Laval) et le Laboratoire international de recherche sur l'imaginaire du Nord, de l'hiver et de l'Arctique (UQAM) dans le cadre du Salon du livre des Premières Nations, avec le soutien du Centre de recherche interuniversitaire sur la littérature et la culture au Québec

14 novembre 2024, Maison de la littérature


Le colloque Approches translinguistiques des littératures autochtones met en œuvre l’approche transautochtone développée par Chadwick Allen (2012) dans l’objectif de poser un regard nouveau et pluriel sur les littératures inuites et des Premières Nations produites dans le contexte du Québec actuel en les mettant en relation avec des corpus autochtones (littéraires et théoriques) d’autres aires géographiques et linguistiques. En plus de la mise en relation des littératures autochtones produites dans différents contextes culturels et linguistiques, le colloque aménagera un espace pour les réflexions autour de la recherche-création et de l’enseignement des littératures autochtones.


Programmation

9h30 – Les autrices, les auteurs autochtones et les abeilles, conférence inaugurale prononcée par Maurizio Gatti

Butiner des fleurs différentes entre elles, s’éloigner de sa ruche pour toujours y revenir, transformer le nectar, collaborer, permet aux abeilles de prospérer et de faire prospérer la planète entière. Des principes similaires, transposés dans un contexte littéraire, semblent avoir guidé plusieurs autrices et auteurs autochtones vers des littératures riches et nourrissantes. Dans le cadre de cette conférence inaugurale, Maurizio Gatti mettra en relation les littératures autochtones produites principalement au Canada (et en particulier au Québec), en Polynésie française, en Nouvelle-Calédonie et au Maroc en cherchant à comprendre comment, au fil des ans, elles ont interagi entre elles et quelles ont été les conséquences de ces interactions.

10h15 – Pause-café

10h30 – A History of Groenland’s Literature, presentation, followed by a discussion with Kirsten Thisted (remote participation), hosted by Daniel Chartier and Marie-Eve Bradette (English activity, with a French written document summarizing the content of the conference) / présentation, puis discussion avec Kirsten Thisted (participation à distance de la conférencière), animée par Daniel Chartier et Marie-Eve Bradette activité en anglais, avec feuillet en français sur le contenu de la conférence).

Greenlandic literature is traditionally divided between oral stories, “oqaluttuatoqqat”, from before colonization, and modern written literature that emerged with colonization in 1721. Despite this distinction, the oral tradition continued to influence written texts throughout the colonial era. The literary evolution in Kalaallit Nunaat, Greenland, reflects the intercultural interactions that shape its identity today. Greenlandic literature boasts a rich heritage of transcriptions of oral stories dating back to the missionaries of the 18th century, further enriched by contributions from contemporary authors, supported by numerous literary institutions. Figures like Aron of Kangeq and Knud Rasmussen played key roles in preserving these traditions. This conference will also address how the rise of a national literature has also been fueled by political and social issues, notably with the growth of decolonization movements and identity affirmation that defined the second half of the 20th century.

11h15 – Pause-café

11h30 – Créer, étudier, traduire, publier et enseigner les littératures autochtones, premier panel avec Véronique Hébert (Théâtre autochtone et expression atikamekw du territoire), Daniel Chartier (Les littératures inuites du Nunavik et du Groenland : contexte, traductions) et Eang-Nay Theam (Les récits des Premiers Peuples pour parler de littérature au collégial).

Ce panel propose une exploration pluridisciplinaire des littératures autochtones. Véronique Hébert, à travers une démarche en recherche-création théâtrale, abordera la centralité du territoire et de la langue dans l’expression d’une dramaturgie atikamekw. Daniel Chartier s’intéressera aux traductions et à la publication des œuvres littéraires inuites du Nunavik et du Groenland, ainsi qu’aux enjeux spécifiques de ces deux littératures, en mettant en relief l’ancrage régional et linguistique qui les distingue. Enfin, à travers l’exemple de la littérature innue, Eang-Nay Theam examinera l’importance de repenser l’enseignement de la littérature dans les cours au collégial. Elle assumera que le choix des corpus pouvant reproduire des violences et reconduire des schèmes d’oppression, le fait d’enseigner les littératures des Premiers Peuples est une prise de position qui tend vers la décolonisation des savoirs.

12h30 – Lunch (offert aux participant·es)

13h45 – Les littératures autochtones à la croisée des langues, des cultures et des territoires, deuxième panel avec Ana Kancepolsky Teichmann (La langue comme arme et comme refuge dans des poèmes d’écrivaines innues et mapuches), Renato Rodriguez-Lefebvre (Du Caauhtémala à Ixim Ulew : Ondinnok et la portée transcontinentale) et Marie-Eve Bradette (Pour une histoire plurilingue des littératures autochtones au Québec)

Dans le cadre de ce panel, Ana Kancepolsky Teichmann abordera les façons par lesquelles les langages poétiques et plurilingues des écrivaines innues du Québec et mapuches de l’Argentine et du Chili fonctionnent comme des espaces de ressourcement qui matérialisent le rapport du corps à la terre et s’engagent, de cette manière, dans la lutte pour la récupération des territoires ancestraux. Renato Rodrigez-Lefebvre reviendra, quant à lui, sur certains des matériaux d'Ondinnok (pièces, entretiens, archives) liés au cycle mythologique pour développer des principes pour une recherche transaméricaine qui parvienne à mettre en écho des traditions littéraires autochtones et de prolonger des ponts interculturels. Enfin, Marie-Eve Bradette abordera la nécessaire réécriture de l’histoire littéraire des Premières Nations au Québec, notamment en mettant en relief l’importance de considérer les écrits produits en anglais dans cette histoire nécessairement plurielle et plurilingue.

14h45 – pause-café

15h00 - Célébration des parutions récentes en études littéraires autochtones 

La publication de travaux universitaires sur les littératures autochtones ayant connu une nouvelle faveur au cours des dernières années, nous profiterons de l’occasion de ce colloque pour présenter et célébrer quelques parutions (livres ou dossiers de revue, ainsi que traductions) récentes.


Biobibliographies des participant·es

Maurizio Gatti est né à Rome où il a obtenu une maîtrise en langues et littératures étrangères et une maîtrise en langue et littérature tibétaine. Au Québec, il a complété un doctorat en littérature québécoise et un postdoctorat portant sur les littératures des Premières Nations. Il a publié plusieurs ouvrages sur les littératures autochtones francophones au Québec et à travers le monde. Il a été professeur de Phonétique et langue italienne au Conservatoire de musique de Québec pendant 13 ans. Il est aujourd’hui chercheur associé au CIÉRA (Centre interuniversitaire d’études et de recherches autochtones) de l’Université Laval, traducteur et interprète.

Kirsten Thisted est à la fois professeure à l’Institut d’études interculturelles et régionales de l’Université de Copenhague (au Danemark) et professeure de littérature groenlandaise à Ilisimatusarfik, l’Université du Groenland. Spécialiste de l’histoire littéraire du Groenland, elle a rédigé de nombreux articles et dirigé plusieurs ouvrages sur la littérature inuite de ce pays.

Kirsten Thisted is both Professor at the Institute of Intercultural and Regional Studies at the University of Copenhagen (Denmark) and Professor of Greenland Literature at Ilisimatusarfik, the University of Greenland. As a specialist in the literary history of Greenland, she has written numerous articles and edited several books on the country's Inuit literature.

Véronique Basile Hébert est une artiste de théâtre atikamekw de la communauté de Wemotaci. Doctorante en études et pratiques des arts à l’UQAM, en recherche-création en théâtre, elle détient un baccalauréat en théâtre de l’Université d’Ottawa ainsi qu’une maîtrise en dramaturgie portant sur le chamanisme chez Jovette Marchessault. Elle est actuellement professeure invitée à l’UQTR où elle a contribué à la mise sur pied du microprogramme en Études autochtones.

Daniel Chartier est professeur titulaire à l’Université du Québec à Montréal et directeur du Laboratoire international de recherche sur l’imaginaire du Nord, de l’hiver et de l’Arctique. Il a publié une vingtaine de livres et une centaine d’articles sur la représentation du Nord, de l’Arctique et de l’hiver, les cultures québécoise, inuites et nordiques, le pluralisme culturel et l’esthétique de la réception, dont The End of Iceland’s Innocence (2010), Le froid (2018), Le lieu du Nord (2015) et Les couleurs et lumières du Nord (2008) et Les voyages illustrés aux pays froids (2020), ainsi que l’essai Qu’est-ce que l’imaginaire du Nord? Principes éthiques. Directeur de la collection « Jardin de givre », il a édité plusieurs textes autochtones du Groenland, du Nunavik, du Nunatsiavut et du Japon.

Eang-Nay Theam est professeure au collégial. Spécialisée en pédagogie, elle poursuit actuellement sa formation en études autochtones. Son expérience au collégial l’a menée jusqu’à Baie-Comeau, sur la Côte-Nord, pour revenir à Montréal. Secrétaire à la rédaction de la revue Littoral, amatrice de quatre roues à Pessamit et habituée de la 138, elle réfléchit les liens entre identité, mémoire et transmission. Cochercheuse au Centre de recherche interuniversitaire sur la littérature et la culture au Québec, elle collabore sur divers projets de création et de valorisation des perspectives asiatiques. Ses récentes recherches s’inscrivent dans une volonté de repenser la notion de corpus littéraire québécois au sein des cours de littérature au collégial. Elle-même issue de l’immigration, enfant de survivants du génocide des Khmers rouges, elle s’interroge sur la place de la littérature dans une dynamique de construction identitaire.

Ana Kancepolsky Teichmann est étudiante au doctorat en études littéraires à l’Université Laval. Elle a obtenu son diplôme de traductrice en langue française à l’Université nationale de La Plata (Argentine). Elle a participé à la traduction de l’anthologie Mujer Tierra, Mujer Poema (Malisia, 2021) incluant des poèmes de Joséphine Bacon, Natasha Kanapé Fontaine et Virginia Pésémapéo Bordeleau. Ses recherches combinent l’intérêt pour le plurilinguisme des textes autochtones et la traduction. Pour son mémoire de maîtrise, déposé en 2024 à l’Université de Montréal, elle a étudié la traduction d’œuvres autochtones contemporaines du Québec vers l’espagnol.

Renato Rodriguez-Lefebvre soutiendra prochainement une thèse en littérature comparée à l’Université de Montréal dans laquelle il s’intéresse à certains legs de l’invasion des Amériques. Il est également impliqué dans le comité de rédaction de la revue Spirale, où il publie des recensions et essais. La traduction (Estuaire) ou encore l’écriture de proses variées (Contre-jour, AURA, Moebius, etc.) comptent parmi ses autres tons. Il a publié un roman : Les détectives du vivant en 2023 aux éditions La Mèche.

Marie-Eve Bradette est professeure adjointe au département de littérature, théâtre et cinéma de l’Université Laval et titulaire de la Chaire de leadership en enseignement des littératures autochtones au Québec depuis juin 2022. Ses recherches actuelles abordent l'hétérolinguisme des littératures des Premiers Peuples au Québec comme modalité d’une histoire littéraire plurielle. Elle est l'autrice d'une chronique annuelle en études autochtones pour la revue Voix et images. Son ouvrage Langue(s) en portage: résurgence littéraire et langagière dans les littératures autochtones féminines est paru en 2024 aux Presses de l'Université de Montréal.

 

visuel SLPN
Date
Heure
9h30-16h00
Emplacement
Maison de la littérature