Cours au premier cycle

LIT-1119:Introduction aux littératures autochtones au Québec (cours obligatoire offert chaque session d'hiver)

LIT-1119

Bien qu’elles s’inscrivent en filiation d’une très longue histoire littéraire qui comprend également les récits oraux, les productions écrites autochtones émergent au 19e siècle, avec des correspondances, des écrits religieux, journalistiques et didactiques. Mais c’est seulement au tournant des années 1970, et plus manifestement encore depuis 2009 (avec la parution de Bâtons à message de l’écrivaine innue Joséphine Bacon), que l’on assiste à une véritable prolifération, voire à une résurgence des écritures littéraires des Premiers Peuples au Québec. Dans des genres variés, allant de l’autobiographie à la fiction spéculative, puis dans des langues plurielles (français, anglais et langues autochtones), les écrivain·es Inuit et des Premières Nations ne cessent, depuis plus de cinquante ans, de remettre en question les lieux communs sur les cultures et identités autochtones, sur les relations entre les peuples, sur le colonialisme d’occupation, mais aussi de (re)signifier des savoirs culturellement ancrés par le truchement de l’imagination littéraire.

Privilégiant une approche centrée sur les œuvres, ce cours propose une introduction aux littératures autochtones au Québec. Tout en abordant les conditions d’émergence et de résurgence des littératures autochtones, nous nous pencherons sur plusieurs textes afin d’étudier la thématisation et la représentation de certains enjeux fondamentaux : l’implantation d’un colonialisme d’occupation sur les territoires du Québec actuel, les pensionnats, l’écriture de l’Histoire, les relations interculturelles, la représentation de la communauté, les violences basée sur le genre et la place des langues autochtones dans l’écriture, etc.

LIT-2400:Littératures autochtones au Québec: Virginia Pésémapéo Bordeleau (automne 2023)

LIT-2400

Description générale du cours

Étude d'une ou de plusieurs œuvres extraites des littératures autochtones au Québec, d'un genre ou encore d’une thématique propre à ces littératures.

Description du sujet spécifique du cours

L’écrivaine et artiste visuelle crie-métisse Virginia Pésémapéo Bordeleau compte parmi les figures de proue des littératures autochtones au Québec. Sa plume d’écrivaine s’affirme dès les années 1980 avec « Chiâlage de métisse », un texte percutant publié dans la revue Recherches amérindiennes au Québec (1983) et se poursuit aujourd’hui à travers l’exploration de différents genres littéraires (le roman, la poésie, l’épistolaire, l’album jeunesse, etc.). Ses textes, tantôt intimes, tantôt politiques, abordent de nombreux thèmes : l’identité, la quête, le deuil, le territoire, la transmission, la sensualité, la sexualité, la force des femmes autochtones, les violences genrées, etc. Dans le cadre de ce cours, nous nous pencherons sur la riche production textuelle de l’autrice afin d’en tracer les contours, d’en étudier la réception critique, de la situer dans le contexte des littératures autochtones au Québec et au Canada, puis d’en approfondir la compréhension par des analyses littéraires. Quelques séances seront également consacrées aux œuvres visuelles de l’artiste qui a présenté, en 2020 au Musée d’art de Rouyn-Noranda, une exposition rétrospective de ses 40 ans de carrière. Nous étudierons les liens entre le langage visuel et le langage textuel dans le parcours de l’autrice.

LIT-2401:Littératures autochtones - corpus francophone

LIT-2401

Étude d'une ou de plusieurs œuvres extraites des littératures autochtones de la francophonie, d'un genre ou encore d'une thématique propres à ces littératures.

LIT-2402:Littératures autochtones comparées

LIT-2402

Étude comparée d’œuvres extraites des littératures et autres expressions créatives autochtones, de genres ou encore de thématiques propres à ces œuvres.

Séminaires de maîtrise et doctorat

Les écritures autochtones féminines : Représenter, résister, réclamer (automne 2022)

LIT-7120

En juin 2019 était publié le rapport final de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées. Présenté en deux volumes, en plus d’un complément consacré spécifiquement au contexte québécois, le rapport étudie en détail les causes systémiques de la violence envers les femmes et les filles autochtones, puis conclut que cette violence a conduit à un génocide planifié contre les femmes Inuites, Métisses et membres des Premières Nations. Dans le contexte des événements et des processus discutés dans ce rapport, et donc de violences à la fois coloniales et genrées, des écrivaines et des artistes autochtones prennent la parole depuis des décennies. Ces femmes se (re)lèvent pour dénoncer les injustices, critiquer les institutions en place, proposer un contre-discours aux stéréotypes, mais aussi pour rétablir la vérité et la justice selon leurs termes à elles. En prenant la parole par le biais de l’écriture littéraire, les femmes créent par ailleurs des systèmes alternatifs à partir desquels elles s’expriment à propos des luttes politiques autochtones. Par cette entremise, les écrivaines contribuent également à la résurgence de savoirs genrés et culturellement ancrés.

Dans le cadre de ce séminaire, nous lirons et discuterons autour d’un corpus de textes littéraires et théoriques écrits par des femmes autochtones. À la lecture de ces textes, nous dégagerons certains thèmes récurrents qui alimenteront nos discussions : La représentation des femmes, la justice pour/par les femmes autochtones, les violences genrées, l’écriture traumatique, les luttes féministes autochtones, les traumatismes intergénérationnels, les récits de pensionnats au féminin, l’écriture littéraire comme justice réparatrice, la résistance et l’activisme littéraire, la mise en scène des corps, la résurgence des savoirs féminins, etc.

LIT7838: Théories et pratiques de la résurgence (hiver 2024)

Dans Danser sur le dos de notre tortue, l’écrivaine et chercheuse nishnaabe Leanne Betasamosake Simpson écrit qu’« au sein des fondements théoriques nishnaabeg, le biskaabiiyang ne signifie pas à la lettre un retour vers le passé, mais plutôt une re-création de l’épanouissement culturel et politique du passé afin d’assurer le bien-être de nos citoyens contemporains. Cela signifie récupérer la fluidité qui entoure nos traditions […] et recréer une résurgence artistique et intellectuelle au sein d’une plus large résurgence politique et culturelle » (2018 : 60). En s’affirmant d’une manière renouvelée avec les travaux de Simpson, mais également dans ceux du politologue déné Glen Sean Coulthard, cette notion de résurgence en tant que re-création est au cœur des théories politiques et des pratiques littéraires autochtones depuis une quinzaine d’années au Canada. Les théories de la résurgence trouvent un écho dans les travaux autour de la souveraineté intellectuelle (Warrior), rhétorique (Scott Lyons) et visuelle (Raheja), des futurismes autochtones (Dillon), des féminismes autochtones (Anderson; Risling Baldy) et des études sur la bispiritualité (Pyle; Driskill), ou encore de l’érotisme (Akiwenzie-Damm; Bear).  Il faut également noter que le concept même de résurgence prend racine dans les écrits théoriques et littéraires de l’écrivain et chercheur anishnaabe Gerald Vizenor, et plus particulièrement dans son concept de survivance qu’il théorise dès les années 1980 aux États-Unis. Pour Vizenor, comme pour les penseur·ses de la résurgence, cette dernière est une pratique politique, intellectuelle, mais aussi une pratique spatiale et temporelle; une manière de penser l’inscription au présent et au futur des récits, des langues et des traditions, de réinscrire, par l’imagination, les corps autochtones sur le territoire par des interventions qui peuvent également être artistiques ou littéraires.

Dans le cadre de ce séminaire, nous lirons et analyserons les écrits théoriques à propos de la résurgence et des concepts et pratiques qui y sont associés afin de développer une compréhension fine et nuancée de ce champ critique important. Nous nous pencherons également sur certaines pratiques littéraires (Simpson; Kanapé Fontaine; Spillett) ou audiovisuelles (Skawennati) afin de réfléchir à la manière dont ces dernières mettent en œuvre des procédés associés à la résurgence. Nous étudierons, finalement, comment les littératures autochtones représentent et pensent, en plus de prendre activement part à la résurgence culturelle, intellectuelle et politiques des Premiers Peuples.