Projets de recherche

Les littératures autochtones au Québec: des histoires plurielles et plurilingues

Financement: Appui à la recherche, à la création et à la recherche-création, FLSH, 2023-2024

Considérant que les études littéraires autochtones au Québec se sont penché, presque exclusivement, sur les textes produits en français, le projet intitulé Les littératures autochtones au Québec : Des histoires plurielles et plurilingues proposent de cerner les littératures autochtones dans la province québécoise à la croisée des langues afin d’étudier comment cette intersection influence la production, la transmission et la réception des œuvres, et de mieux comprendre quelles sont les implications de cette diversité linguistique et culturelle sur la configuration de l’histoire littéraire. En portant attention au plurilinguisme des œuvres à travers ses différentes manifestations, c’est-à-dire à un corpus qui inclut des textes dans différentes langues (française, anglaise et autochtones) et à la présence de ces langues au sein d’une même œuvre, il sera possible de considérer la spécificité culturelle, mais surtout de penser le corpus d’écriture dans son ensemble, dans une perspective comparatiste et trans-autochtone (Allen, 2012), puisque ce corpus partage des territoires, des langues, des thèmes de prédilection, des institutions littéraires tout en se distinguant dans ses objectifs et dans l’établissement de ses relations avec le discours national québécois. Le projet pose ainsi l’hypothèse selon laquelle une analyse critique de la pluralité linguistique du corpus comme ensemble hétérogène et de la poétique plurilingue des œuvres permettra de repenser la définition et l’histoire des littératures des Premiers Peuples au Québec de sorte à y inclure des textes en anglais qui, jusqu’à présent, ont été exclus des recensions et de réfléchir à l’impact des textes plurilingues sur les critères et les frontières qui ont permis, jusqu’à présent, de définir les littératures autochtones dans la province. Ces inclusions tardives dans un corpus en pleine expansion ont le potentiel de produire un retraçage des contours d’une littérature, d’aménager des voies d’avenir pour la recherche, et d’ainsi repenser et d’expliquer la relation complexe au Québec, parfois conflictuelle, des littératures autochtones : c’est-à-dire de réfléchir à cette relation dans sa porosité en mettant en relief les zones de contact linguistiques, identitaires, culturelles et territoriales dans lesquelles se rencontrent les œuvres, leurs auteur·rices et leurs communautés d’appartenance.

En somme, l’objectif principal de ce projet de recherche est de cerner les écritures littéraires autochtones au Québec à travers leur plurilinguisme afin de proposer une nouvelle manière d’approcher l’histoire littéraire et d’ainsi formuler de nouveaux narratifs.

 

 

Colloques et journées d'étude

Voix autochtones en mouvement : de la résistance à la réinvention

Colloque étudiant organisé dans le cadre du séminaire LIT7038 :Théories et pratiques de la résurgences. 

Cet événement gratuit met en valeur les recherches menées par les étudiant.e.s de deuxième et troisième cycles en Études littéraires à l’Université Laval.

Le colloque aura lieu le mercredi 17 avril, de 9h00 à 17h30, au Théâtre de poche (POL-2113), offrant ainsi une plateforme unique aux étudiant.e.s pour présenter leurs travaux et contribuer à des réflexions sur les enjeux entourant la résurgence autochtone dans les littératures contemporaines.

 

Programme

9h : Chant d’ouverture par Teharihulen Michel Savard

9h05: Mot d’ouverture

Intimité et présence féminine dans Okinum d’Émilie Monnet | Modération : Emmy Lapointe

9h15 : Guérir par l’intime: présentation de l’écriture intime comme un acte de résistance autochtone. Karol-Ann Guay 

9h40 :  Collectivité de la parole féminine : une résurgence autochtone au féminin dans Okinum d’Émilie Monnet. Sophie Bellefeuille 

10h : période de questions

 

15 min. de pause

 

Théories queer, représentations et résistances | Modération Karol-Ann Guay

10h35 : Autoreprésentation du désir érotique lesbien dans le monologue Hot ‘n’ Soft de Muriel Miguel. Coralie Vigneault 

11h : (Re)Mapping Voices from the Underground Against Mythic Politics of White Supremacy: Racialized Queer Bodies in Kemi Alabi’s Against Heaven and Jaye Simpson’s It Was Never Going to Be Okay. Sophie Larue

11h25 : Au-delà du gender-fuck : représentations et résistances des queens two-spirit dans Drag Race Canada. Emmy Lapointe 

11h45 : période de questions

 

12h15 : Dîner (1h30)

 

Les formes brèves comme pratiques de la résurgence | Modération : Louis-Karl Picard-Sioui

13h45 : « La disparition sera ailleurs que dans le ciel qu’on a dézippé à grandeur pour l’habiter » : penser la résurgence dans Chauffer le dehors et Frayer de Marie-Andrée Gill. Murielle Thibeault

14h10 : La chanson comme pratique de résurgence sur le territoire québécois : l’exemple de Samian. Catherine Bouchard 

14h30 : période de questions

 

15min. de pause

 

Les futurismes autochtones | Modération Catherine Bouchard

15h05 : Du passé au futur: Le refus de la nostalgie passéiste au profit de l’énergie créatrice Guillaume Michaud 

15h30 : Souveraineté visuelle et narrative : Le cas du film Night Raiders et de sa re-présentation. Charlotte Côté-Hamel

15h50 : période de questions

 

15min. de pause

 

La résurgence dans la nation wendat | Sophie Bellefeuille 

16h25 : Relever le(s) Chant(s) : la résurgence wendat dans la poésie d’Andrée Levesque Sioui.  Louis-Karl Picard-Sioui 

16h50 : Pour une (ré)écriture de l’Histoire à l’aune du courant littéraire « droit et littérature » dans Mononk Jules de Jocelyn Sioui. Élodie Bédard 

17h10 : période de questions

 

17h30 : Fin du colloque


 

La résurgence des épistémologies du genre dans les littératures autochtones actuelles (dans le cadre du colloque annuel de l'ALCQ)

Séance organisée par Isabella Huberman (UBC), Marie-Eve Bradette (U. Laval) et Sophie Larue (U. Laval) dans le cadre du colloque annuel de l'Association des littératures canadiennes et québécoises (ALCQ), Congrès des sciences humaines, 2024

 

* Programme à venir


Argumentaire

Les études critiques qui abordent la représentation du genre dans les littératures autochtones émergent dès les années 1990 dans le contexte anglophone au Canada, notamment avec le célèbre essai I am Woman de l’autrice Sto:lo Lee Maracle, puis plus tard avec de nombreux travaux qui s’intéressent tantôt à la question du féminin (Anderson 2016; Green 2017; Arvin, Tuck et Morill 2013; Suzack 2017, Suzack et al. 2010), tantôt aux masculinités autochtones (McKegney 2014 et 2021; Innes et Anderson 2015) et plus rarement aux identités bispirituelles et indigiqueer (Morgan 2021; Picard 2022). Quant aux études produites en français, si elles sont désormais nombreuses à s’intéresser aux littératures au féminin (Bradette 2022; Couture-Grondin 2019; Papillon 2016 et 2019; St-Laurent 2022), encore très peu de travaux s’intéressent plus largement à la question des genres, et notamment dans la littérature autochtone produite en français sur les territoires réclamés par le Québec actuel. Cependant, plusieurs œuvres récentes publiées dans le milieu francophone – pensons par exemple à Akuteu (2022) de Soleil Launière, Envole toi, Mikun (2023) de Moira Bacon ou encore à Pisim Mapeu (2023) de Georges Pisimopeo – mettent en scène ce que nous pourrions appeler une résurgence des épistémologies des genres, épistémologies qui s’ouvrent sur une pluralité de positionnalités et d’identités genrées. Renouvelant le champ littéraire autochtone au Québec, ces oeuvres permettent, de plus, l’ouverture d’un dialogue avec des textes produits en anglais dans les dernières années: on pensera à la poésie de Tenille Campbell (2021) et à celle de Jaye Simpson (2020), à la prose narrative de Joshua Whitehead (2022) et de Jas Morgan (2018) et aux textes hybrides de Billy-Ray Belcourt (2022). Ainsi, pour cette séance, nous nous pencherons sur les manières dont les créateur.rices autochtones du milieu francophone, anglophone, et en traduction valorisent, recentrent et font resurgir une diversité d’expériences genrées dans leurs relations à autrui, au territoire et à soi-même.

La séance sera bilingue et nous invitons des propositions en français, en anglais ou colingue. À titre informatif, voici certains thèmes qui pourraient être abordés: 

  • Le genre comme savoir 
  • La souveraineté du corps (genré)
  • La bispiritualité et l’indigiqueer au Québec et ailleurs
  • Les masculinités autochtones au Québec et ailleurs
  • Alliances, collectivités, kinships de la diversité du genre
  • Le langage et le genre
  • Les traductions françaises des oeuvres queer autochtones du Canada anglophone
  • L’écocritique (genrée) autochtone 
  • L’extractivisme (des ressources, des corps, des savoirs) et le genre

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Resurgence of Epistemologies of Gender in Contemporary Indigenous Literatures

Panel organized by Isabella Huberman (UBC), Marie-Eve Bradette (U. Laval) and Sophie Larue (U. Laval)

Critical research on gender representation within Indigenous literary studies across Anglophone parts of Canada started gaining prominence in the 1990s, notably with Sto:lo author Lee Maracle’s seminal essay I am a Woman. Since its publication, scholars have continued to explore various notions of Indigenous feminism (Anderson 2016; Green 2017; Arvin, Tuck et Morill 2013; Suzack 2017, Suzack et al. 2010), Indigenous masculinity (McKegney 2014 et 2021; Innes et Anderson 2015), and, albeit less frequently, Two-Spirit and Indigiqueer identities (Morgan 2021; Picard 2022). As for French-language scholarship on Indigenous literatures, while many have taken an interest in female authorship (Bradette 2022; Couture-Grondin 2019; Papillon 2016 et 2019; St-Laurent 2022), there has been limited exploration of broader questions concerning gender identity and its articulation in Francophone works of Indigenous literature produced on lands claimed by Quebec. Nevertheless, several recent literary works published within Francophone milieus, such as Akuteu(2022) by Soleil Launière, Envole toi, Mikun (2023) by Moira Bacon, and Pisim Mapeu (2023) by Georges Pisimopeo, exemplify what could be termed “a resurgence of epistemologies of gender,” by opening a spectrum of positionalities and identities. While they contribute to the renewal of the literary landscape in Quebec, these works also actively engage in a dialogue with recent Anglophone texts, including the poetic writings of Tenille Campbell (2021) and Jaye Simpson (2020), the narrative prose of Joshua Whitehead (2022) and Jas Morgan (2018), and the hybrid texts of Billy-Ray Belcourt (2022). With this in mind, our panel will focus on how Indigenous authors from Francophone and Anglophone regions of Canada, or those working in translation, are contributing to the resurgence of diverse gender experiences that reflect and renew relationships with others, land, and self. 

The panel will be bilingual, and we invite proposals written in French, English, or in colingual formats. Themes for consideration encompass, but are not limited to:

  • Gender as knowledge
  • The sovereignty of the (gendered) body 
  • Two-spirit and Indigiqueer identities in Quebec and beyond
  • Indigenous masculinities in Quebec and beyond
  • Alliances, collectivities, kinships, and gender diversity
  • Language and gender
  • French translations of queer Indigenous literature from Anglophone Canada
  • Indigenous ecocriticism and gender
  • Extractivism (of resources, bodies, and knowledge) and gender

Table-ronde « Écrire, éditer et traduire des textes autochtones plurilingues » (à venir, dans le cadre du colloque annuel du CIÉRA-2024)

Quels sont les défis de l’écriture, de l’édition et de la traduction de textes incluant des langues autochtones ou, plus largement, de textes plurilingues ? La prolifération des littératures autochtones au Québec, rédigées la plupart du temps en français, mais incluant souvent, à des degrés divers, des langues autochtones, soulève des interrogations importantes sur la manière d’éditer ces textes, mais également sur leur production et leur traduction. Dans le cadre de cette table-ronde, des conférenciers et conférencières, autochtones et allochtones, provenant tous·tes des milieux de pratique discuteront des enjeux propres à la traduction et à l’édition autochtone. L’objectif de cette table-ronde est donc d’ouvrir une réflexion critique sur les thèmes et questions qui sous-tendent la production de textes autochtones en mettant de l’avant l’expertise des maisons d’édition, des éditeur·rices et des traducteur·rices spécialisé·es dans le domaine.

30 ans d'études littéraires autochtones au Québec? États des lieux et visions d'avenir

Journées d’étude organisées par Marie-Eve Bradette et Maxime Poirier-Lemelin dans le cadre de l’inauguration de la Chaire de leadership en enseignement sur les littératures autochtones au Québec – Maurice-Lemire

11-12 mai, à la Maison de la littérature

Ces journées se veulent l’occasion de rassembler les personnes qui écrivent, celles qui étudient, celles qui travaillent dans le milieu de la recherche et celles qui enseignent les littératures autochtones au Québec afin de réfléchir collectivement aux perspectives et à l’autonomisation de notre discipline : les études littéraires autochtones. Ces journées d’étude visent également à créer un espace propice à la création et au maintien de liens entre les communautés littéraire et académique, de sorte à envisager des projets collaboratifs porteurs qui sauront répondre aux besoins du milieu littéraire autochtone.

Programmation complète

 

Activités de diffusion et de vulgarisation 

Imaginer l’avenir des littératures autochtones au Québec – Balado Hors-série

Quel avenir pour les littératures autochtones au Québec? C’est le point de départ d’une discussion entre l’animatrice Joëlle Papillon et les auteurs J. D. Kurtness, Shayne Michael et Louis-Karl Picard-Sioui qui se déroula en clôture des journées d’études « 30 ans d’études littéraires autochtones au Québec? États des lieux et visions d’avenir » organisées par Marie-Ève Bradette et Maxime Poirier-Lemelin en mai 2023.

Cet épisode de balado hors-série vous est présenté par Kwahiatonhk! et la Chaire de leadership en enseignement sur les littératures autochtones au Québec – Maurice-Lemire de l’Université Laval, avec l’appui du Conseil des arts du Canada.
 

Écouter ici.

Animation : Joëlle Papillon
Auteurs invités : J. D. Kurtness, Shayne Michael, Louis-Karl Picard-Sioui
Technicien de salle : Michel Banville
Musique et montage : Marc Vallée
Coordination : Marie-Ève Bradette 

Balado "Lire en relation" (saison 3)

En tant que partenaire du Salon du livre des Premières Nations, un événement unique au pays qui pour objectif la diffusion et mise en valeur des littératures et cultures autochtones, la Chaire s'occupe du volet académique. Depuis maintenant 4 ans, ce volet inclut une dimension virtuelle, par le biais de la série de balado Lire en relation

La troisième saison de Lire en relation est une coréalisation de Kwahiatonhk! et de la Chaire de leadership en enseignement sur les littératures autochtones au Québec - Maurice-Lemire. Sous la direction de Marie-Eve Bradette, et suivant le thème choisi pour le 11e Salon du livre des Premières Nations, cette saison des balados académiques se penche sur les processus de transformation et leur mise en œuvre dans les littératures autochtones. La transformation y est tantôt abordée comme un thème, un cadre théorique ou conceptuel, voire une méthodologie servant à entrer en relation avec les oeuvres.

Dans le neuvième épisode (Transformer le littéraire), Marie-Eve Bradette introduit le thème en réfléchissant aux manières par lesquelles les littératures autochtones transforment la littérature, notamment en changeant nos pratiques de lecture par l’inclusion des langues autochtones.

Dans le dixième épisode (Transformer ses relations), Camille Roberge élabore le cadre conceptuel de la transontologie, et aborde la transformation comme un processus profondément relationnel.

Sylvie Bérard, dans le onzième épisode (« Toutes les filles dont je tombais amoureuse…avaient une tête de cheval »), se penche, quant à elle, sur le bestiaire singulier des œuvres d’Obom afin d’en décrire les figures et leurs croisements, et d’en comprendre les mécanismes et les effets de lecture dans le contexte des représentations queer et autochtones.

Enfin, dans le douzième épisode (Le ciel ouvert dans la poésie de Marie-Andrée Gill), Julie St-Laurent retrace brièvement le chemin parcouru par la poésie de Marie-Andrée Gill depuis Béante (2012) jusqu’à Chauffer le dehors (2019) afin de voir comment le motif des espaces ouverts entrecroise expression intime et expression politique.

Les épisodes peuvent être écoutés ici.

Balado "Lire en relation" (saison 4)

« Ébranler les frontières », Quatrième saison des balados académiques Lire en relation

Direction scientifique : Marie-Eve Bradette

Conférencières et conférenciers : Ana Kancepolsky Teichmann, René Lemieux, William Roy et Matthew Tétreault

Musique et montage : Marc Vallée

Technique sonore et montage : Carol-Ann Belzil-Normand

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Thème de la 3e saison

Coréalisée par Kwahiatonhk! et la Chaire de leadership en enseignement sur les littératures autochtones au Québec - Maurice-Lemire, la quatrième saison des balados Lire en relation a pour titre « Ébranler les frontières ». Elle portera sur les relations entre les langues, les territoires et les littératures autochtones. Y seront abordés les enjeux de l’institutionnalisation des littératures autochtones francophones à l’extérieur des frontières du Québec actuel, les enjeux de la traduction et de la recherche universitaire qui la sous-tend, de même que l’histoire de la littérature des Métis de la Rivière Rouge. À travers l’exploration de ces différents aspects et leur mise en relation, cette quatrième saison invite les auditeur·rices à repenser les frontières (institutionnelles, territoriales et langagières) qui façonnent notre lecture et notre compréhension des littératures autochtones dans le contexte francophone du Québec.

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Titres et résumés des épisodes

Épisode 13 : « Un coup d’œil sur la littérature des Métis de la rivière Rouge », avec Matthew Tétreault (University of Manitoba)

Écouter l'épisode

Émergeant de l’intersection des cultures orales et écrites, la littérature des Métis de la rivière Rouge remonte au tout début du 19ième siècle et démontre, à travers son histoire, un intérêt marqué pour la survie physique et matérielle, ainsi que pour la culture et le patrimoine de la nation métisse. Proposant un survol de l’histoire de cette littérature, cet épisode vous introduira à quelques-uns des plus grands écrivains, poètes, et essayistes francophones de la nation des Métis de l’Ouest canadien, de même qu’à d’autres moins connus.  Seront abordés quelques-unes de leurs œuvres, les thèmes, et les inquiétudes. Parmi ces écrivains, on retrouve non seulement le  barde des prairies, Pierre Falcon, et le fameux chef des Métis vers la fin du  19ième siècle, Louis Riel, mais d’autres écrivains du 20ième siècle, parmi lesquels  Alexandre de Laronde et Marie-Thérèse Goulet-Courchaine. 

Épisode 14 : « Le rôle de la traduction du Harpon du chasseur/Chasseur au harpon de Markoosie Patsauq chez les interprètes de la littérature inuite », avec René Lemieux et William Roy (Université Concordia)

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La dernière traduction du Harpon du chasseur/Chasseur au harpon de Markoosie Patsauq par Valerie Henitiuk et Marc-Antoine Mahieu a pu être qualifiée par les médias de « première “vraie” traduction française » (article de Radio-Canada du 20 février 2021), alors même que deux traductions françaises existaient déjà (celle de Claire Martin en 1971 et celle de Catherine Ego en 2011). Cette qualification de « vraie » provient du fait que ce serait la première traduction directe de l’inuktitut, sans passer par une langue relais (en l’occurrence l’anglais). On oublie toutefois de mentionner dans cet article que c’est Markoosie lui-même qui a traduit vers l’anglais. Selon Henitiuk et Mahieu, la première traduction anglaise de 1970 écrite par Markoosie lui-même (et implicitement les traductions suivantes) serait « problématique » et « intrinsèquement colonialiste ». Nous aimerions questionner cette notion d’authenticité invoquée implicitement par cet article et par le discours d’Henitiuk et Mahieu. Notre hypothèse est que cette notion, comme outil polémique, sert moins à mettre en valeur la littérarité du texte de Markoosie qu’à la lutte de pouvoir qui a lieu entre les interprètes de cette littérature sur le marché académique. Ce que nous désirons montrer en fin de compte est la compétition pour le capital symbolique lié à la littérature inuite et l’usage qu’en font ces agents avec les traductions.

Épisode 15 : « Écrire l’innu-aimun en espagnol : la traduction de Kuessipan de Naomi Fontaine », avec Ana Kancepolsky Teichmann (Université de Montréal)

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En 2011, Naomi Fontaine publiait Kuessipan, roman qui a marqué « l’ouverture d’un nouveau corpus, autochtone et innu » (Chartier, 2017) au sein du milieu littéraire francophone du Québec. Son succès lui a valu rapidement une traduction vers l’anglais (2013, Arsenal Pulp Press) ainsi qu’une adaptation cinématographique, réalisée en 2019 par Myriam Verreault. En 2020, le texte dépasse les frontières du Canada, et des Amériques, pour être traduit et publié par l’éditeur espagnol Pepitas de Calabaza. Si ces traductions constituent des instances de consécration (Casanova, 2002) exceptionnelles pour l’autrice, il est néanmoins possible de mettre en question les modes de fonctionnement d’un marché de la traduction qui privilégie le passage par l’Europe en dépit de l’Amérique latine, où un tel texte deviendrait sûrement beaucoup plus significatif en tant qu’expérience partagée de l’autochtonie. L’étude des stratégies utilisées par la traductrice mises en relation avec le contexte particulier de publication du roman en Espagne, nous permettra de déclencher la réflexion sur la traduction vers l’espagnol des littératures autochtones du Québec. Cela nous amènera à envisager d’autres possibles modes de circulation des textes, notamment au sein du continent, en établissant des connexions entre des expressions littéraires du nord et du sud des Amériques.