« Ébranler les frontières », Quatrième saison des balados académiques Lire en relation
Direction scientifique : Marie-Eve Bradette
Conférencières et conférenciers : Ana Kancepolsky Teichmann, René Lemieux, William Roy et Matthew Tétreault
Musique et montage : Marc Vallée
Technique sonore et montage : Carol-Ann Belzil-Normand
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Thème de la 3e saison
Coréalisée par Kwahiatonhk! et la Chaire de leadership en enseignement sur les littératures autochtones au Québec - Maurice-Lemire, la quatrième saison des balados Lire en relation a pour titre « Ébranler les frontières ». Elle portera sur les relations entre les langues, les territoires et les littératures autochtones. Y seront abordés les enjeux de l’institutionnalisation des littératures autochtones francophones à l’extérieur des frontières du Québec actuel, les enjeux de la traduction et de la recherche universitaire qui la sous-tend, de même que l’histoire de la littérature des Métis de la Rivière Rouge. À travers l’exploration de ces différents aspects et leur mise en relation, cette quatrième saison invite les auditeur·rices à repenser les frontières (institutionnelles, territoriales et langagières) qui façonnent notre lecture et notre compréhension des littératures autochtones dans le contexte francophone du Québec.
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Titres et résumés des épisodes
Épisode 13 : « Un coup d’œil sur la littérature des Métis de la rivière Rouge », avec Matthew Tétreault (University of Manitoba)
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Émergeant de l’intersection des cultures orales et écrites, la littérature des Métis de la rivière Rouge remonte au tout début du 19ième siècle et démontre, à travers son histoire, un intérêt marqué pour la survie physique et matérielle, ainsi que pour la culture et le patrimoine de la nation métisse. Proposant un survol de l’histoire de cette littérature, cet épisode vous introduira à quelques-uns des plus grands écrivains, poètes, et essayistes francophones de la nation des Métis de l’Ouest canadien, de même qu’à d’autres moins connus. Seront abordés quelques-unes de leurs œuvres, les thèmes, et les inquiétudes. Parmi ces écrivains, on retrouve non seulement le barde des prairies, Pierre Falcon, et le fameux chef des Métis vers la fin du 19ième siècle, Louis Riel, mais d’autres écrivains du 20ième siècle, parmi lesquels Alexandre de Laronde et Marie-Thérèse Goulet-Courchaine.
Épisode 14 : « Le rôle de la traduction du Harpon du chasseur/Chasseur au harpon de Markoosie Patsauq chez les interprètes de la littérature inuite », avec René Lemieux et William Roy (Université Concordia)
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La dernière traduction du Harpon du chasseur/Chasseur au harpon de Markoosie Patsauq par Valerie Henitiuk et Marc-Antoine Mahieu a pu être qualifiée par les médias de « première “vraie” traduction française » (article de Radio-Canada du 20 février 2021), alors même que deux traductions françaises existaient déjà (celle de Claire Martin en 1971 et celle de Catherine Ego en 2011). Cette qualification de « vraie » provient du fait que ce serait la première traduction directe de l’inuktitut, sans passer par une langue relais (en l’occurrence l’anglais). On oublie toutefois de mentionner dans cet article que c’est Markoosie lui-même qui a traduit vers l’anglais. Selon Henitiuk et Mahieu, la première traduction anglaise de 1970 écrite par Markoosie lui-même (et implicitement les traductions suivantes) serait « problématique » et « intrinsèquement colonialiste ». Nous aimerions questionner cette notion d’authenticité invoquée implicitement par cet article et par le discours d’Henitiuk et Mahieu. Notre hypothèse est que cette notion, comme outil polémique, sert moins à mettre en valeur la littérarité du texte de Markoosie qu’à la lutte de pouvoir qui a lieu entre les interprètes de cette littérature sur le marché académique. Ce que nous désirons montrer en fin de compte est la compétition pour le capital symbolique lié à la littérature inuite et l’usage qu’en font ces agents avec les traductions.
Épisode 15 : « Écrire l’innu-aimun en espagnol : la traduction de Kuessipan de Naomi Fontaine », avec Ana Kancepolsky Teichmann (Université de Montréal)
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En 2011, Naomi Fontaine publiait Kuessipan, roman qui a marqué « l’ouverture d’un nouveau corpus, autochtone et innu » (Chartier, 2017) au sein du milieu littéraire francophone du Québec. Son succès lui a valu rapidement une traduction vers l’anglais (2013, Arsenal Pulp Press) ainsi qu’une adaptation cinématographique, réalisée en 2019 par Myriam Verreault. En 2020, le texte dépasse les frontières du Canada, et des Amériques, pour être traduit et publié par l’éditeur espagnol Pepitas de Calabaza. Si ces traductions constituent des instances de consécration (Casanova, 2002) exceptionnelles pour l’autrice, il est néanmoins possible de mettre en question les modes de fonctionnement d’un marché de la traduction qui privilégie le passage par l’Europe en dépit de l’Amérique latine, où un tel texte deviendrait sûrement beaucoup plus significatif en tant qu’expérience partagée de l’autochtonie. L’étude des stratégies utilisées par la traductrice mises en relation avec le contexte particulier de publication du roman en Espagne, nous permettra de déclencher la réflexion sur la traduction vers l’espagnol des littératures autochtones du Québec. Cela nous amènera à envisager d’autres possibles modes de circulation des textes, notamment au sein du continent, en établissant des connexions entre des expressions littéraires du nord et du sud des Amériques.